Fiers de participer à la saison 2 de TEN, Düne et Sosoa ont choisi de traiter un sujet personnel qui leur tient à cœur : la naissance de leur enfant. « Évidemment l’idée n’était pas de parler de nous mais plutôt des sentiments qui se bousculent chez tous les futurs parents au pied de ce nouveau chapitre : le doute, l’excitation, l’amour… », explique Düne.
Des sentiments contradictoires et forts qu’ils subliment dans leur création. « Unfinished Sympathy », en référence à leur groupe de prédilection Massive Attack, retranscrit l’opposition de deux forces qui s’affrontent et convergent vers un même élément central, le cœur.
« Elles sont la représentation de nos instincts les plus primaires vécus pendant cette période de grossesse. La main de gauche, »Unfinished », symbolise le côté matérialiste que nous avons tous en nous. Cet attrait pour la possession, l’avidité et l’apparence, qui nous donne perpétuellement ce sentiment d’incomplétude. Tandis que la main de droite, « Sympathy », incarne une forme de spiritualité qui préfère attendre de recevoir, plutôt que de
prendre. », précise Sosoa.
Pour arriver à un résultat aussi minutieux, le couple d’artiste français a bousculé ses habitudes de travail.Mélangeant traditionnellement différents outils comme Illustrator, Photoshop, InDesign ou encore Painter de Corel, Düne et Sosoa ont du, pour TEN, travailler exclusivement avec le logiciel Illustrator et des images de la banque d’images Fotolia.
Interview Dune et Sosoa
###### Part 1 : Présentation des artistes
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Düne: Bonjour, je m’appelle Yoann Madec mais je suis plus connu sous le pseudonyme de Düne.
Sosoa: Quant à moi, je m’appelle Solène Renaudin et mon pseudonyme est Sosoa. Nous vivons et travaillons ensemble depuis presque six ans maintenant.
Parlez-nous de votre formation : avez-vous suivi un parcours universitaire ou êtes-vous autodidacte ?
D: Un peu des deux je pense. Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours eu le goût du dessin, de la couleur, et de tout ce qui touche à l’univers de l’image en général. Une fois mon Baccalauréat en poche, j’ai suivi quatre années à l’école PIVAUT (Ecole Supérieur des Arts Aplliqués de Nantes), suivies d’un poste de graphiste dans une agence de communication pendant presque trois ans, avec deux ou trois passages dans de grandes agences comme Euro RSCG. Depuis maintenant cinq ans, je suis graphiste/illustrateur en freelance.
S : J’ai toujours été attirée par l’Art depuis toute petite, c’est donc tout naturellement que je me suis dirigée vers une formation de quatre ans en design à l’école d’Arts Appliqués PIVAUT également, je me suis ensuite immédiatement installée en tant que graphiste indépendante, il y a maintenant dix ans.
Travaillez-vous au sein d’une agence ou en tant que Freelance ? Et pourquoi ?
S : J’ai toujours été graphiste freelance, je crois que pour moi cela a toujours été une évidence. Quand je me suis lancée à mon compte, la demande était très forte et le marché du travail beaucoup moins saturé ce qui rendait les choses plus faciles.
D: Pour ma part, j’ai commencé à travailler en agence. Au-delà de ce que j’avais pu apprendre techniquement pendant mes études ou personnellement lors de mes expériences, cela m’a permis de pouvoir appréhender une bonne partie de la chaîne graphique. Du contact direct avec le client pour établir le brief de départ, au suivi de projet avec l’imprimeur, en passant par le travail d’équipe avec mes collègues… travailler en agence m’a permis de faire mes premières armes, et de pouvoir continuer à les aiguiser maintenant que je suis en freelance.
S : L’indépendance nous permet vraiment d’assumer nos choix professionnels, et de pouvoir défendre nos idées. C’est ce qui est le plus motivant et le plus passionnant dans notre métier. Même si répondre aux besoins d’un client est souvent sujet aux compromis, il est vraiment primordial pour nous de pouvoir être à la tête du processus créatif.
D: Par contre, pour nous, « indépendance » n’a jamais signifié « travailler seul ». En plus de notre travail en binôme, nous sommes les co-fondateurs du collectif « Gang Corporate », ainsi que de la marque « Ça c’est Gang! ».
Tout est parti de notre rencontre avec Antony Legrand, Jérôme Bareille (Izidesign), Bertrand Biss. Et ce qui n’était qu’une simple rencontre professionnelle, est devenue de l’amitié. Puis sont venus se greffer au groupe, Pavlé Savic, Nicolas Scauri (Skio), Nicolas Dorretti, et enfin Axel Guenou.
Nous sommes ainsi neuf à former notre collectif « Gang Corporate », avec chacun ses compétences, couvrant la quasi-totalité du spectre de la communication (vidéo, photographie, sound design, développement, web design, motion, street art, etc…) nous permettant ainsi de pouvoir répondre à des projets d’envergure comme peuvent se le permettre les agences de communication plus classiques. Nous avons d’ailleurs eu la chance de pouvoir travailler avec des clients tels que Le Studio SFR, SNCF, Adobe, Wacom, Dior, Lacoste, MTV…
Quel a été votre parcours dans l’illustration digitale ?
D : Le point de départ pour moi a toujours été l’approche traditionnelle du crayon et du papier, mais d’un point de vue professionnel et pour des raisons de production, la création numérique est aujourd’hui indispensable dans nos métiers. Par contre, rien de tel que de revenir à des techniques plus traditionnelles et académiques, sur papier ou autres, pour pouvoir remettre les choses en perspective.
S : De mon côté, j’ai toujours travaillé en numérique. La variété des softs (d’Illustrator à Photoshop, en passant par Painter), ainsi que leurs possibilités quasi infinies une fois combinés, font de l’outil informatique un instrument ultra créatif.
Quelles sont vos influences ?
S : Notre métier nous oblige à être toujours à l’affut des nouvelles technologies et des nouvelles tendances, c’est pourquoi la veille graphique est inévitable à la création.
Grâce à cela, nous découvrons sans cesse de nouveaux artistes que nous affectionnons et qui, sans doute, nous influencent, tels que : Benjamin (Zhang Bin), Alex Trochut, David Kinsey, etc…
D : Impossible de tous les citer. Il y a beaucoup de grands artistes qui influencent notre travail, mais cela peut être aussi le cinéma, le dessin animé, ou même les jeux vidéo. En revanche ce qui est intéressant de constater, c’est que, comme pour beaucoup de créatifs, l’inspiration ne s’arrête pas à l’image : la musique prend une place très importante dans notre bureau. Je pense d’ailleurs que si je ne m’étais pas autant investi dans le design graphique ou l’illustration, j’aurais aimé l’univers de la musique.
Vos influences et inspirations ont-elles eu un impact sur votre style et votre travail ?
S : Effectivement, on ne peut nier qu’elles ont un impact sur notre travail, elles nous permettent de nous renouveler sans cesse pour toujours se surpasser, affiner et perfectionner nos visuels.
D : Dans mon cas, si je reste dans le cadre des influences musicales, je pense effectivement qu’elles ont un grand impact sur mon/notre travail. Mais il serait peut-être plus judicieux de penser que je vais adapter la musique au projet sur lequel je travaille. Je pense que les deux se répondent en fait. Mon travail a aussi un impact sur la musique que je vais choisir d’écouter.
Comment définissez-vous votre style ?
D: Je ne sais pas si nous avons vraiment un style. Peut-être même que de vouloir en définir un, tuerait notre créativité. C’est sûr que nous avons certainement une empreinte graphique que les gens reconnaissent parfois, mais pour le moment, je crois vraiment que nous aimons trop expérimenter de nouvelles voies pour accepter l’idée que notre style soit défini. Nous sommes assez enthousiaste à l’idée de passer de l’illustration, au webdesign ou de la GUI au travail typographique pour de l’identité. Ce qui nous plait vraiment, pour le moment, c’est la variété.
Quelle est le mot qui vous définit le plus ?
D : Etant donné que nous sommes deux à devoir répondre à cette question, je trouve plus amusant de définir l’autre. Donc, pour Sosoa, je dirais : « Spontanée »
S: Du coup, pour Düne je dirais : « Perfectionniste »
Pouvez-vous nous décrire votre méthode de travail pas à pas ?
S: L’essentiel de notre travail passe par la discussion. Nous débattons et remettons tout en question dès le départ, avant même d’avoir posé la mine du crayon sur le papier, ou alors celle du stylet sur la tablette. Le fait d’être deux, nous permet de valider les concepts et les idées que nous voulons soumettre sur un projet. Nous ne sommes pas toujours d’accord (ce qui est très bien), et puis petit à petit, nous affinons nos propositions, on réalise des croquis, on fait de la veille graphique, jusqu’à ce qu’on ait trouvé le compromis le plus intéressant. Une fois le chemin de fer établi, nous nous répartissons les tâches et chacun de nous sait ce qu’il doit faire. Ce qui n’empêche pas de remettre en question certaines idées pendant la conception du projet. D’ailleurs, il nous arrive très souvent de jeter un œil au-dessus de l’épaule de l’un ou de l’autre et de critiquer ouvertement les faiblesses ou les forces de ce que l’autre réalise.
D: C’est ça. La franchise sans détour. Mais quand même avec les formes pour ne pas que ça se termine en accrochage!
Quels sont vos clients pour lesquels vous préférez travailler ? Pourquoi ?
D: Très largement, ceux qui nous font confiance. Bien entendu, nous faire « confiance » ne veut pas dire que nous n’écoutons pas les attentes du client, au contraire, mais je crois qu’il n’y a rien de pire qu’un interlocuteur qui ne sait pas vraiment ce qu’il veut ou alors qui remette sans cesse tout en question alors qu’on s’était mis d’accord en amont.
Alors oui, on peut dire qu‘on enfonce des portes ouvertes en disant cela, et je crois que beaucoup d’entre nous se retrouvent là-dedans, mais, en fait, comme nous le disions précédemment, nous faisons déjà ce travail de tout remettre en question dès le départ et aussi (surtout) avec le client. Donc il n’y a rien de plus agaçant qu’un client qui change d’avis du jour au lendemain. D’un autre côté, cela nous permet d’être force de propositions et donc d’en tirer un maximum d’expérience. Mais ce n’est pas forcément le plus confortable, surtout quand le travail abattu commence à être colossal et qu’on nous sert l’argument des budgets serrés.
S : Maintenant, d’un point de vue purement graphique, je pense que nous adorons les clients qui viennent vers nous avec de nouveaux défis. Des projets que nous n’avions jamais réalisés auparavant, et sur lesquels nous avons réellement envie de nous donner à 100%.
Quels sont vos projets pour les prochains mois ?
S : Etant donné que notre fille est arrivée il y a peu, je suis actuellement en congé maternité. Ce qui ne m’empêche pas d’avoir des projets personnels sur lesquels je peux me consacrer entre deux couches. Mais lors de la diffusion de l’interview en fin d’année, je pense avoir repris mon activité.
D: Quant à moi, j’essaie de jongler entre être présent pour Sosoa et ma fille, et les projets qui arrivent.
Je sors tout juste d’un projet de GUI design pour une application mobile iPhone et Android, et je passe actuellement sur un projet d’illustration où je dois réaliser le character design de quatorze personnages pour un jeu.
Est-ce important pour vous de continuer à travailler sur des projets personnels en dehors de vos obligations professionnelles ? Pourquoi ?
S: La réponse est définitivement oui. Pour nous deux. Bien entendu quand nous avons la possibilité de pouvoir le faire. Mais c’est très important pour nous d’avoir ces opportunités, ces soupapes de décompression. De pouvoir créer sans contraintes, sans limites sauf celles que l’on se fixe nous-mêmes. Cela nous permet d’évacuer certaines frustrations que nous aurions pu essuyer avec certains projets, de pouvoir expérimenter de nouvelles manières de faire, de repousser certaines limites, ou alors d’explorer celles que nous connaissons déjà… Bref, comme nous sommes dans un métier de passion, je pense qu’il est vraiment important de pouvoir (ré) apprendre à se connaitre davantage.
Vous venez d’un pays où la culture et l’histoire sont riches et profondes, cela vous influence-t-il ?
D: Nous existons à travers le regard des autres et l’image qu’ils nous renvoient. Et il est toujours amusant de constater que d’un point de vue pictural, notre culture française est toujours aussi prisée que ce soit hier dans la Peinture ou aujourd’hui dans le Dessin Animé : on appelle cela la « french touch ». Alors que dans le même temps, le « français » n’a pas toujours le vent en poupe dans certains endroits du globe. Arrogant, grande gueule, contestataires… et en même temps, amusant, créatif et révolutionnaire. Autant d’ingrédients qui ne se marient pas ensemble et qui pourtant peuvent donner les meilleures recettes. Mais au-delà de notre patrimoine artistique et historique, l’arrivée d’internet a ouvert toutes les frontières culturelles. Et je pense qu’aujourd’hui nous nous inscrivons parfaitement dans cette génération boulimique de la culture de l' »autre ».
Nous aimons notre typographie française, mais nous aimons aussi les comics américains, et les animés japonais…
Pensez-vous que, si vous aviez grandi dans un environnement / culture / pays différent, votre style et votre travail le seraient aussi ?
S : Aucune idée. Très certainement. Dans l’idée, et comme le disait Düne dans sa réponse précédente, nous aurions probablement été aussi curieux des autres cultures qui auraient pu nourrir notre travail comme aujourd’hui.
D: Tout est forcément histoire d’éducation, de culture et d’expérience. Mais je n’ai aucune idée de ce que nous aurions fait si nous n’avions pas vécu ici, en France. Cela aurait été sans doute différent. Peut-être même que je n’aurais pas été graphiste ou illustrateur.
« D’où je viens? » Et « Où dois-je aller? »: est-ce-que ces questions résonnent dans votre travail ?
D: D’ordinaire, je ne crois pas avoir souvenir de nous être posé ces questions dans notre travail. Ou alors, plutôt de manière inconsciente. Mais, c’est vrai que dernièrement, avec l’arrivée de notre enfant, et encore plus avec notre participation à cette saison de Ten (puisque nous en abordons le sujet), je pense que nous avons pris le temps d’essayer d’y répondre visuellement.
Pourquoi avez-vous rejoint le projet TEN?
S : Cela a été d’abord un honneur pour nous que vous vous soyez penchés sur notre travail, et que vous ayez décidé de nous faire confiance, compte tenu de la qualité et la renommée des artistes que vous aviez déjà sélectionnés pour ces deux dernières saisons de la collection Ten. Et particulièrement pour cette saison 2, étant donné la portée internationale du projet.
D: Et puis nous avions réellement envie de relever ce défi.
Quel est votre avis sur la créativité ?
S : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » – Lavoisier
D: dixit “Breaking Bad”.
Selon vous, quelles sont les qualités d’un grand designer ?
D: Je ne sais pas si nous sommes les mieux placés pour dispenser des conseils, mais je dirais que ce qui marche bien pour nous, est de se remettre en question le plus souvent possible et de ne pas hésiter à confronter son travail au regard des autres. Cela permet souvent d’en tirer des critiques constructives et surtout de voir si la lisibilité du message ou des intentions qu’on voulait faire passer sont bien comprises.
S: Je dirais aussi que la patience et l’humilité sont des qualités vraiment essentielles. Que ce soit sur un projet donné ou même sur notre façon d’avancer dans le métier de manière plus générale.
Avez-vous un dernier mot à partager avec nous ?
D & S : Merci à vous, Fotolia, de nous avoir donné l’opportunité d’être présent sur cette saison 2 de Ten. Nous espérons que notre travail plaira autant que nous avons pris de plaisir à le réaliser.
####### Part 2 : Technique
Parlez-nous de vos outils préférés: (périphériques, logiciels …)
D : Pour des raisons d’efficacité, nous travaillons à peu près sur les mêmes machines, à savoir, la dernière génération d’iMac 27″. Cela nous permet des échanges optimums quand nous collaborons sur un même projet. Je pense d’ailleurs que beaucoup d’autres designers freelances ont opté pour cette solution qui donne un des meilleurs combos machine/écran.
A côté de ça, nous possédons tous les deux une tablette, absolument nécessaire dans nos métiers. Dans notre cas nous avons opté pour des Wacom Intuos 4, mais nous disposons aussi d’une Cintiq 21″ qui se montre aussi très intéressante pour certains projets d’illustration.
S : Concernant la partie software, nous travaillons avec la Creative Cloud d’Adobe, et principalement avec Illustrator, Photoshop et InDesign, mais nous utilisons aussi pas mal Painter de Corel. Naturellement, comme la seule contrainte de notre participation à cette saison 2 de Ten était l’utilisation exclusive d’Illustrator, nous n’avons utilisé que ce logiciel pour la réalisation de notre visuel. Par contre, d’ordinaire, nous préférons mélanger ces différents softs pour en recueillir le meilleur de chacun d’entre eux.
Quel sentiment ou idée, avez-vous l’intention de transmettre à travers votre création? Quelle a été la motivation de ce choix?
D : Étant donné qu’il n’y avait pas de thème imposé par Fotolia pour cette saison 2 de Ten, Sosoa et moi-même avions décidé de traiter d’un sujet plus personnel que prévu, à savoir l’arrivée prochaine de notre enfant. Évidemment l’idée n’était pas de parler de nous précisément, mais plutôt des sentiments qui se bousculent chez tous les futurs parents au pied de ce nouveau chapitre. Le doute, l’excitation, l’amour…
S : Dans ce visuel, intitulé « Unfinished Sympathy » (référence à Massive Attack), nous nous retrouvons face à deux forces opposées qui s’affrontent et convergent vers un même élément central, chacune à la recherche de son idéal. Elles sont la représentation de nos instincts les plus primaires vécus pendant cette période de grossesse. La main de gauche, « Unfinished », symbolise plutôt le côté matérialiste que nous avons tous en nous. Cet attrait pour la possession, l’avidité et l’apparence, qui nous donne perpétuellement ce sentiment d’incomplétude. Tandis que la main de droite, « Sympathy », incarne plutôt une forme de spiritualité qui préfère attendre de recevoir, plutôt que de prendre. Finalement, comme tout n’est jamais noir ou blanc, il n’y a pas de morale dans ce visuel. Nous voulions plutôt montrer un équilibre entre ces deux forces.
Le brief de Fotolia a fait appel à la liberté de création. Aimez-vous travailler en suivant des directives artistiques définies, ou préférez-vous avoir carte blanche?
S : C’est vrai que le piège serait de penser qu’il est plus facile de créer en ayant carte blanche plutôt que sous une contrainte. Dans notre cas présent, pour le projet Ten, il nous est apparu évident d’aborder ce thème que nous vivions ensemble sur le moment. Mais en général, et en l’occurrence dans notre travail quotidien, nous nous méfions des « cartes blanches ». Il n’est pas rare que l’on nous demande une prestation sur laquelle nous sommes complètement libres, qu’on nous fasse confiance, mais finalement, qu’elle ne plaise pas forcément au client à l’arrivée.
D: Je crois, en fait, que nous aimons ces deux façons de procéder. C’est juste la réflexion en amont qui change.
Avez-vous plus d’information ou “astuces” à révéler sur votre travail et les techniques que vous avez utilisées pour le créer ?
D: Illustrator n’est pas vraiment un outil comme les autres. Il a beaucoup de qualités évidemment, mais Il est beaucoup plus rigide et exigeant comparé à Photoshop qui, lui, permet souvent plus de spontanéité. C’est vrai que nous préférons mélanger les softs d’habitude, car pour ce genre d’illustration, la réalisation peut parfois tenir de la performance. Nous avons donc choisi de travailler une bonne partie du visuel sur papier avant de commencer sur l’ordinateur.
S : Une fois l’illustration réalisée au trait, et après l’avoir scannée entièrement, nous avons retracé l’ensemble du croquis sur Illustrator. Pas de vectorisation dynamique! Nous savons que nous aurions pu gagner un temps non négligeable dans la conception, mais, dans un soucis de détail et surtout pour pouvoir l’éditer comme on le voudrait lors des étapes suivantes, nous avons travaillé essentiellement avec l’outil Plume pour le tracé, puis nous avons gardé la fidélité des pleins et des déliés du trait avec l’outil Largeur.
D : Ensuite, la mise en couleur s’est déroulée tranquillement grâce à l’outil Crayon qui nous a permis de dessiner les formes qui détermineront plus tard les lumières et les ombres sur chaque élément de la composition.
S : Finalement, la vraie astuce qui nous a été très utile, est la fonction « Redéfinir les couleurs de l’illustration ». Grâce à cet outil, il nous a été très facile de changer les couleurs de chaque élément de la composition pour les harmoniser entre eux, sans utiliser la fonction des « Couleurs Globales ».
Avez-vous utilisé vos techniques habituelles ou de nouvelles?
S : Il est très rare que nous utilisions Illustrator sur la totalité de ce genre d’illustration, donc c’est vrai que nous avons dû quelque peu, bousculer nos habitudes.
D : Du coup, nous nous sommes beaucoup concertés dès le départ pour savoir quelles seraient les fonctions que nous utiliserions pour être le plus efficace et en même temps le plus fidèle à ce que nous voulions réaliser. D’où l’utilisation par exemple de la fonction « Redéfinir les couleurs de l’illustration », qui, dans un premier temps, a laissé plus de place à la façon dont on allait poser les éclairages sur les sujets de la composition, sans véritablement se soucier de l’aspect chromatique.